Bonjour, ami marcheur

Te voilà sur « Croquenots », ce blog qui se veut le lien modeste mais résolu de notre groupe de randonneurs havrais, nous qui partageons ces moments d'amitié sportifs festifs et culturels sur les chemins de Normandie et parfois au delà.

mercredi 30 avril 2014

Michel: récit de voyage (10)

Samedi 19 avril

Arrivée à l’accueil pèlerin de Saint Dizant du Bois, perché sur une petite colline; il fait froid dans la salle ou nous attendons l’hospitalier; tout au long de ces trente kilomètres, nous avons pris le soleil et la fatigue se fait sentir: Bernard a mal à sa jambe droite: tendinite, pour moi presque bien pour le coup de pied droit.




Chacun de nous reçoit les messages de la Pâques: ça me rappelle mes 2 gars cherchant les œufs dans le jardin, œufs qui se transformaient en petites boites de pâté saucisses et autres victuailles: ils se chamaillaient pour savoir celui qui en avait récolté le plus: un bon moment de vie !
Arrêt sur le chemin dans un car camping: un petit gorgeon de rouge pour la route !
Pensée du jour de Bernard: « la faim rallonge le chemin du pèlerin »

Dimanche de Pâques
Pensée du jour de Bernard: « Le bourdon est au chien ce que la tendinite est au pèlerin: ça calme ».
Après 30 bornes de marche, arrivée à 17h30, à Cartelègue à 10 km de Blaye où nous prendrons le bac demain à 11h. Ce dimanche de Pâques, fermeture totale des commerces; un sandwich pour midi et pas un « coup de piff » dans cette région viticole. Ce sont les derniers kilomètres les plus durs, heureusement il fait beau, le paysage est verdoyant et les ânes ont le regard si doux, alors…
Nous sommes dans la commune de M Serge Renaud spécialiste mondial de la nutrition préventive

Lundi de Pâque 21 avril
Bernard souffrant toujours de sa tendinite décide de s’arrêter 2 à 3 jours pour se reposer. Raymonde et moi décidons de poursuivre ensemble, du moins jusqu’à Dax. Nous empruntons le chemin aménagé sur l’ancienne voie ferrée : « tout drai » , comme on dit chez nous. Arrivés à Blaye, nous attendons le bac à la terrasse du café; je téléphone à Bernard pour des nouvelles de sa santé: il attend aux urgences! J’apprends que le fiston Maxence a de la fièvre avec suspicion d’appendicite et le genou droit qui me tiraille un peu: c’est la journée !!!
Coup de fil de Bernard diagnostic: tendinite: 3 semaines de repos: « je vous rejoins , j’aviserai… »
Pensée du jour « si tu veux des œufs de Pâques, envoies un message à une cloche » moi, c’est déjà fait.
Au repas , agréable moment avec nos hôtes : la maitresse de maison très impliquée dans l’associatif, le mari, marin pécheur de l’estuaire à la retraite et philosophe, et le chat de la maison qui nous a amené 3 souris et les 2 chiens au spectacle. Au repas, nous avons fini le rôti d’agneau, mangé une belle part de gateau patissier et bu 2 bouteilles de rouge du pays. Avec le petit déjeuner du lendemain : facture 15€ chacun, « une misère »

Mardi 22 avril
Ce matin, nous prenons le chemin des vignes, Château Margot entre autres. Grande activité dans les vignes… Ce doit être quelque chose aux vendanges!!!
Nous traversons le marais et nous voilà en vue de l’accueil pèlerin tenu par des soeurs : combien pour la nuit, ma soeur? Donation nous répond-elle (ce que l’on veut): nous repartirons donc sans payer... Mais non , je rigole.
Pensée du jour : « si tu veux bien accueillir un pèlerin, offre lui un verre de vin »

samedi 26 avril 2014

Michel : récit de voyage (09)


Lundi 14 avril :
Départ de Melle pour Aulnay direct, soit une super étape de 30 à 35 km. Pas de victuailles dans nos sacs car depuis dimanche toutes les épiceries des villages sont fermées : sur le chemin, Bernard nous offre un bout de jambon sous célophane : un peu « dégueu ». En plus, nous avons du mal à trouver de l’eau potable.
A notre arrivée, une petite grand-mère nous accueille, très alerte et qui reproche à son mari son manque de rapidité : elle nous propose lit superposé, douche, lave et sèche linge pour 7€. Deux dames que nous avons déjà croisées nous offrent le vin blanc ; au menu : pain, oeufs et tisane... Je branche la recharge de mon  portable et basta...Nuit de ronflement incroyable : hélas, le gite n’offre pas le moindre coin d’herbe où j’aurais pu planter la tente, pour éviter ce ramdam.

Mardi 15 avril :
Les 2 dames sont parties de tès bonne heure (5h30) ; nous, nous attendons la fin de cycle du sèche linge .
Sur le chemin, les enseignes de Saint Jacques sont nombreuses, mais aucun commerce avant 21 km; soleil tout au long de la route avec un fort vent soufflant heureusement dans le bon sens.

Pour la nuit, Accueil pèlerin chez des particuliers à Saint Jean d’Angely, belle ville moyenageuse.


Mercredi 16 avril 2014 :


Superbe journée ensoleillée à travers la plaine . A Fenioux, nous découvons un monument funéraire très particulier : on allume au sommet de la tour pour accompagner l’âme des morts.


A l’arrivée de l’étape , une bonne douche chaude prise au camping presque vide. Au diner, pâtes, sardines, fruits.
 


Jeudi 17 avril 2014 :

Henri nous quitte aujourd’hui ; une bonne nouvelle lui est arrivée d’Espagne : on a retrouvé son chien perdu il y a un mois : débordement de joie . Une amie vient le chercher à Saintes : au revoir Henri et bonne chance !

Ce midi resto en plein air devant la Charente (14€ avec vin). J’achète des boules Quies pour me protéger cette nuit de la locomotive Bernard.

Saintes est une ville magnifique avec ses vestiges gallo-romains




Dans la matinée, nous parlons avec la boulangère, un brin mystique, qui nous raconte une histoire de rencontre avec un pèlerin extraordinairement beau ; je lui demande s’il ne s’agissait pas de moi qu’elle aurait croisé de nouveau ? Mais non...

Ce soir au gîte pèlerin (8€) nous faisons la connaissance de Raymonde, une petite femme assez âgée, avec une petite voix délicate ... Elle nous accompagnera demain.

 

 
Vendredi 18 avril 2014 :

Beau tracé du parcours : chemin de 23 km, bien à l’abri de la circulation automobile. Notre nouvelle compagne de route semble en forme pour nous suivre : en fait, elle reprend son parcours à partir de Saintes, là où elle l’a interrompu l’année passée. A 10h, elle offre la tournée de café et nous prévoyons les repas  du jour : déjeuner frugal à midi et dîner complet ce soir. Mais, chemin faisant, j’avise nombre camions stationnés en contre bas :  un relais routier... Bingo ! : buffet des entrées, tiramisu, café (pour 8€ avec du vin), nous voilà installés au soleil, sous un parasol, pour une véritable pause. Attention au vin bien frais : danger pour le marcheur : Raymonde le coupe d’eau glacée, risqué aussi !



Arrivée à Pons : nous nous dirigeons vers la sortie de la ville près de l’ancien hôpital des pèlerins que nous visiterons.
Ça y est nous sommes en plein camino ! les bornes sont nombreuses et belles.
Ce soir,  jeûne ou fruit/tisane, c’est « la rançon du camino ».

mardi 22 avril 2014

Michel : récit de voyage (08)




Vendredi 11 avril :
Ce matin, lever à 7h et messe à 8h avec les bénédictins de Liguge et, dans un élan de foi, je communie : les chants sont à la hauteur des espérances. Avant de partir et de remercier les frères, nous discutons avec des lycéens de Paris en retraite chez les bénédictins.

Départ sous le soleil, puis une bruine persistante pendant toute la matinée ; le chemin est bien balisé mais plus long ; à un moment nous escaladons un talus pour franchir une voie ferrée mais de l’autre côté, pas de chemin : pour redescendre en sécurité je laisse glisser mon sac : gare aux chevilles ! Nous avons perdu notre chemin ! Un homme de 83 ans nous propose de nous sortir de ce mauvais pas.

Nous cherchons un point de chute pour la nuit prochaine : un hospitalier haut de gamme est trop cher pour nous, alors nous décidons de nous arrêter à Lusignan : accueil pèlerin dans un superbe château, chambre individuelle idéale pour nous reposer après une longue journée de marche : ce soir au bistrot du coin, 6 huîtres avec un verre de blanc et une tartelette aux pommes pour finir.

Cette journée sera marquée par la rencontre d’un troisième pèlerin arrivé avant nous ; un autre marcheur, lui, commence là son parcours : habitué du trek, il aligne 50 bornes par jour les doigts dans le nez : nous n’en sommes pas là !   Bonne nuit...

Samedi 12 avril :
Très bonne nuit au château sous la protection de la fée Mélusine. Il est 10h, j’attends mon coach sous le soleil  place de la mairie: une petite marche de 12 km est prévue aujourd’hui, du fait de notre réservation pour la nuit prochaine au refuge pèlerin de Saint Sauvant. Je pense à « The Voice » que je vais louper ce soir à la télé : ici « The Voice » , c’est dans les églises que ça se passe...

Nous apprenons que la région que nous traversons fut un haut lieu de la Résistance : beaucoup d’hommes y sont morts au combat.

Le nouveau Jacquere marche bien : demain, ça va être dur de suivre le rythme car nous aurons 22 à 25 km à faire pour rejoindre le relais suivant.

Pour l’heure, le gîte où nous sommes est plein de victuailles laissées par des pèlerins précédents : un petit coup d’alcool du pays viendra sceller notre rencontre ; sieste jusqu’à 16h, visite du village et aquarelle . Une boite de pêches au sirop , un yaourt et au lit ; le linge lavé et rincé est au sèche-linge : vous voyez le confort !!!
 
Dimanche 13 avril
« On a l’age de sa tête »

« Il nous aura fallu du talent pour devenir vieux sans être adulte » (Jacques Brel)

Ce matin, sur la route, à sa demande, nous avons inauguré un banc qu’un homme vient de construire au bord du chemin : situé à l’ombre et à la bonne hauteur, il est superbe ; merci à lui !

Une bonne et belle marche au soleil : 27 km sans trop de difficultés ; quand nous arrivons au gîte, la porte est fermée malgré les infos que nous avons fournies sur l’heure de notre arrivée. Pas d’aide à attendre ni de la mairie, ni de la gendarmerie contactées par téléphone. J’attends devant la maison mes 2 camarades à la recherche d’une dame qui éventuellement pourrait nous ouvrir. Entre temps je « tigone » la serrure à code et après 2 à 3 essais je réussis à ouvrir la porte : formidable ! Un coup de fil à mes 2 collègues pour qu’ils rappliquent et hop, nous voilà installés : dans la foulée, tournée générale de tortillas . Pour l’étape de demain les avis divergent sur la distance à parcourir : après la nuit, nous déciderons...

jeudi 17 avril 2014

Michel : récit de voyage (07)


Mardi 8 avril : mauvaise nuit, due sans doute au plat de riz au thon trop copieux ; départ prévu à 8h30 mais nous sommes bloqués à la terrasse d’un café par une averse de pluie : pas la peine de se faire rincer, surtout que Chatellerault n’est qu’à 17 km ; Henri tient moins bien la distance que moi ; lorsqu’on est 2, on se régule sur le plus lent. « tous les matins nous partons, c’est le chemin de Compostelle qui nous appelle... »

Arrivée à Chatellerault : bien belle ville et magnifique cathédrale. Nous allons au camping pour un mobil home à 3€ par personne : royal ! aujourd’hui lessive à la machine ; au menu, ce soir, grillade, pâtes et yaourt et un coup de rosé « pour enfreindre le protocole »

La météo aujourd’hui nous avait prévu un temps clément mais le ciel est resté couvert : un peu froid mais agréable pour marcher.

A la télé, nous écoutons un commentaire de notre nouveau gouvernement : « blablabla, blablabla ».

Pensée du jour : « la rosée du matin n’arrête pas le pèlerin »  
Mercredi 9 avril :  après une nuit agitée (contraction des muscles des jambes), nous reprenons la marche, sous le soleil, sur une belle route départementale qui longe la Vienne. Je commence à davantage relever la tête pour apprécier le paysage. Petit café à Cenon sur Vienne. Mon « coach » Henri est sensible aux empreintes des biches que nous devinons au sol lorsque nous sommes en forêt ; le sol est parfois gorgé d’eau et les chaussures s’en ressentent.
Notre Henri a fière allure avec son bâton de pèlerin et son parapluie fichés sur le côté du sac à dos dressés comme un étendard, cavalier d’une autre époque, barbe et cheveux hirsutes à la François 1er et l’air coquin de Henri IV.

Ce soir, en apéritif, des rions dégotés chez le charcutier, arrosé d’un bon jus de raisin en carton. Le cassoulet n’est pas le met le plus facile à réchauffer en camping surtout pour nettoyer la gamelle. Nous avons planté nos tentes dans un camping qui n’est pas encore ouvert : nous « flottons » parmi les pâquerettes et les tourterelles dans les arbres nous rigolent au nez ; tout est calme, je viens de chez le boucher où nous avons fait nos provisions avec une bouteille d’eau en cadeau.
La famille et les copains du Havre ont monté la cabane de plage : tout fiers de leur exploit, il m’ont envoyé une photo de la cabane : bravo et merci. A méditer : « le prix d’un bienfait est double quand ce bienfait est lui-même caché ». 
Jeudi 10 avril : nous cheminons sur la voie romaine qui mène à Poitiers : c’est une route droite qui passe à travers champs, nous sommes ravis de l’emprunter. Les moines de Liguge après Poitiers doivent nous accueillir mais avant nous faisons une pause dans la magnifique cathédrale de Poitiers et à 17h30, nous sommes toujours sur la route ! une dame « bien de sa personne » nous accompagne. A l’arrivée, c’est un frère bénédictin qui nous montre nos chambres, mais contrairement à la veille le repas n’est pas prévu ; nous achetons du pain et improvisons le repas avec ce que nous avons sur nous.

Batterie de téléphone rechargées, Elisabeth me donne des nouvelles.

A 20h messe à la chapelle, cela peut-il m’aider à être meilleur ? Une prière pour mes pieds et mes muscles , ça peut aussi se faire !!! Des chants magnifiques résonnent dans l’Abbaye, je ne veux pas louper ça...
Je me couche de plus en plus tard , bon ou mauvais signe ?  Je vais m’assoupir en écoutant ces chants magnifiques, cela me rappelle notre voyage en Russie, cette soirée passée avec Jean-Marie et Baptiste, nos tentes adossées au feu, à l’écoute des chants s’élevant de la basilique au loin : comme dit Henri, c’est ça aussi le chemin...

mercredi 16 avril 2014

Un Ch’ti week-end


Un p’tit coup de Croquenots entre 2 chroniques du pèlerin


A Lewarde samedi 12 avril 10h30, tout le monde est sur le carreau de la mine, pile à l’heure au rendez-vous.

Au centre historique minier,  on apprend tout ce qu’il faut savoir sur le charbon, son origine lointaine, l’art et la manière de l’extraire des entrailles de la terre, la dure et si courte vie des hommes (et parfois des femmes) de la mine mais aussi leur fierté au travail , leur courage, la force de leur solidarité : on peut tout visualiser, sur le site : le minerai et sa formation, les techniques d’exploitation et de transport, les galeries  creusées à mille mètres sous terre, les outils et les équipements des mineurs à toutes les périodes successives de l’exploitation des mines.
En fin de visite, un oral de contrôle des connaissances est réalisé et un dialogue se noue en dialecte ch’ti avec l’ancien mineur chargé de ce contrôle : Claire, pour qui cette langue semble familière, est son interlocutrice privilégiée et on saisit, lors de leurs échanges, qu’entre eux, il est beaucoup question de poireau (enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre).

Déjeuner au maroilles pris au resto du site et direction le musée du Louvre à Lens que nous découvrons sous la houlette d’un jeune guide disert  et précieux : universalité de l’art à travers les siècles et les continents : de la sainte vierge aux dieux païens de toutes origines en ce lieu réunis, les ressemblances sont là qui nous sautent aux yeux (enfin, presque).

A peine sortis de ce lieu magique et solennel, nous filons vers Lille, à l’auberge de jeunesse où nous passerons la nuit. Mais d’abord, un dîner de tartines et maroilles dans un resto de jeunes puis un tour de la place Charles de Gaule et retour à l’auberge où, lorsque nous traversons le bar, une jeunesse bruyante et cosmopolite nous souhaite une bonne nuit : d’après les échos musicaux entendus à notre réveil au petit matin, nous avons compris que leur nuit, à eux, avait été longue et joyeuse !

Après le petit déj pris au bar de l’auberge et sans maroilles, nous voilà partis pour entamer une visite du vieux Lille et du Centre ville : d’abord le marché : au marché bobo, peu de bobos à cette heure matinale, car le bobo se lève tard le dimanche (je vous le dit, parole de bobo !). Certains d’entre nous se précipitent sur le maroilles pour en faire provision. Ils laisseront derrière eux, à travers la ville,  la douce effluve de ce fromage, promesse de délices gastronomiques : la place Charles de Gaule, le Beffroi, l’Opéra, le célèbre Carlton de Dédé la Saumure, la gare, la Bourse, la rue de la monnaie, autant de sites visités et parfumés. Et au déjeuner dans l’estaminet « la vieille France », du maroilles, bien sur !

A 16h, à Roubaix, nous entamons la visite de « la Piscine », guidés par une jeune femme fière de son musée : c’est beau ! Un grand bassin d’eau faïencé, bordé de statues éclairées aux lumières des 2 verrières en soleil et de part et d’autres l’exposition de peintures et sculptures :
un final superbe pour ce week-end excellemment organisé par Gisèle et Jean-François.
 
cliquer pour voir plus de photos

lundi 14 avril 2014

Michel : récit de voyage (06)


Multes illustrations (3 petites aquarelles et 3 photos) pour accompagner ce 6ème chapitre de ce récit de voyage

 Arrivé à Sainte Catherine de Fierbois où, jadis, Jeanne d’Arc alla chercher son épée aux 5 croix.

Bonne journée de marche à deux sur un vrai chemin de rando à travers bois et champs ; nous marchons l’un derrière l’autre ; nous refaisons le monde au vu de nos nos propres expériences de vie et le temps passe plus vite. Mon coéquipier ne peut s’empêcher de fumer, il a demandé une clope à une jeune femme ; en marchant il enlève son dentier pour mieux respirer et le remet quand on a l’obligation de se présenter.



J’ai un peu galéré dans les ornières des champ, mais finalement, ça va. Ce soir nous eu du bol de pouvoir monter la tente chez un hospitalier qui, de plus, a fait chauffer nos gamelles pour le dîner.

A 17h45, nous nous sommes rendus à l’église où Jeanne d’Arc a trouvé l’épée ; il y a une trentaine d’années, un forgeron anonyme a déposé une épée à cet endroit: elle est solidement fixée au mur !

Nous nous allongeons confortablement sous nos tentes : demain est un autre jour !

Pensée du jour : « quand on a rien à se reprocher,on n’a point sujet d’avoir peur » 
 
 Ce matin réveillés par le croassement des grenouilles et crapauds ; mais nous restons « au lit » jusqu’à 8h : pas la peine de se bousculer, le samedi dimanche, il est plus difficile de s’approvisionner, il faut faire attention. La nuit s’est bien passée, je continue de lire mon livre calmement ; un certain rituel s’instaure dans ma vie de tous les jours ; à deux, le temps passe plus vite ; j’espère pouvoir rencontrer d’autres pèlerins comme Henri qui est, depuis mon départ, le seul que j’ai croisé.

Aujourd’hui, erreurs de parcours : cette journée restera celle des « va et vient » !! L’itinéraire est chamboulé par la construction de la ligne TGV ; nous cherchons à obtenir des renseignements auprès des automobilistes qui craignent parfois de s’arrêter. Un couple de notre âge nous remet dans le droit chemin, un pot d’amitié et nous voilà repartis. Mon ami Henri fume parfois un petit cigare au goût vanille qui empeste même en plein air !

A l’arrivée, je négocie par téléphone le prix de la chambre : 10€ chacun avec une omelette : nous serons au dur, ce soir. A côté de moi, Henri manipule son téléphone, une musique retentit : soit, il a gagné à quelque jeu, soit il a envoyé un message?

Ici, c’est priorité à  l’élevage des chevaux ; les gens ont l’air heureux au vide grenier qui se déroule cet après-midi, sous ce beau soleil.

Pensée du jour : « qui vole un oeuf, vole un boeuf » ; on a rien volé, mais on nous a donné des oeufs.

 

« J’vais mettre mes dents à tremper » me déclare Henri ; j’en profite pour écrire, dans cette agréable « alberguée » à Dangé Saint Romain, notre point de chute aujourd’hui; les courses sont faites (thon et riz au menu) : douche , lavage du linge et réservation par téléphone pour demain au camping mobil-home de Chatellerault : 5€ chacun : Henri est soulagé, car il ne dispose pas du même budget que moi ; sur le chemin, il quémande souvent une cigarette, à droite, à gauche : ça l’aide à moins fumer ! dit-il... je veux bien, mais...

Ce matin, deux chevreuils bondissant croisés près des champs de colza, ça sent bon !!
Le caractère de chacun se dévoile au fur et à mesure de notre cohabitation. Henri est sensible aux injustices de la société.

mardi 8 avril 2014

Michel : récit de voyage (05)


Record battu : 9 feuillets dans cet envoi

 

La pensée du jour: «  nul bien sans peine »

L’ampoule la plus importante au pied gauche est toute sèche ; plus besoin de « compeed ».

Le soir, encore quelques courbatures aux chevilles et au bas des jambes et un point douloureux sur la fesse gauche.
J’ai appris à bien ajuster mon sac : en modifiant le réglage des sangles, je peux reporter la charge d’un côté ou de l’autre. Ce matin, un point douloureux au niveau des reins, à gauche. Dans la journée, je ne dois pas m’arrêter trop longtemps à cause de l’échauffement des pieds et il me faut quelques temps pour que tout se remette en place; le soir après une demi-heure d’arrêt, je marche très mal, la récupération est très longue ; pendant la nuit, les douleurs s’estompent et au matin, c’est super...

Bien que seul pendant la journée, j’arrive à occuper mon esprit tout en marchant : c’est mon bâton qui rythme mon pas. Ah ! ce petit bonhomme toujours dodelinant à l’avant.

Dans la tente, plier et ranger, c’est terrible, car ça m’oblige à des contorsions très difficiles pour moi (du fait de mon gabarit) : enfiler les chaussettes en position allongée, enfourner le duvet compressible dans le sac, rouler le matelas dégonflé, tout ranger au mieux dans le sac et après, seulement après, démonter, plier et ranger la tente. Quand tous ces gestes sont accomplis, la recherche d’un café pour un bon double bien chaud... et peut-être un croissant !

Les tourterelles s’agitent et roucoulent au dessus de ma tête, sans doute pour me rappeler le foyer de mon enfance. Je referme le carnet de notes et bonne nuit...

 

Au revoir l’école de musique .... Je m’excuse auprès du patron pour les aléas de la réservation d’une chambre, mais ça aurait été dommage de ne pas monter la tente. Au café de la gare, un bon café et un pain au chocolat.

J’ai suivi le chemin du pèlerin ; Dans les prés, les chevaux revêtus de leur manteau de toile cirée s’approchent pour me saluer, en hochant l’encolure ; ils m’adressent un regard tendre.

C’est étonnant combien l’évaluation des distances peut être approximative : aujourd’hui, c’était bon pour moi : 10 km au lieu des 15 prévus. Ce midi, je me confectionne un sandwich à l’épicerie arabe du coin ; dans l’armoire réfrigérée des boissons, que de la bière ! je lui demande une bouteille d’eau : de l’arrière boutique, il sort une eau soit disant fraîche (je te jure, mon frère !).

Restent 9 km pour arriver, je me fais violence pour être ce soir à Neuillé Pont Pierre ; J’arrive à proximité du centre de loisirs avec karting ; le patron m’indique un coin tranquille près de l’aire de pique-nique.

La bonne condition de marche sur une route dépend grandement du profil bombé du revêtement : alors j’adopte alternativement l’un ou l’autre côté de la route, suivant « l’humeur » de mes pieds. Bientôt 16h, je prends un pot au stand du karting ;un écolier de CE1 fait ses devoirs : il s’en sort bien à en juger sa récitation et il apprend bien.

 Je m’enhardis pour sonner aux portes et demander l’hospitalité pour monter ma tente ; j’étais hésitant les premiers jours, parfois confus, même; aujourd’hui j’y prends même un malin plaisir. D’abord les mots : Saint Jacques, pèlerin; puis les arguments de charité, chrétienneté, d’humanité : alors, les personnes , surtout les femmes, ont cette réaction : « prions, mais pas de ça chez nous » ; plus tard, le souvenir de mon passage leur reviendra un jour ou l’autre. Les hommes sont plus ouverts à ce genre de situation : « je pense le faire, j’aimerais le faire, je le ferai ».

Bientôt Tours, nous verrons ce que le chemin me réserve : bonne nuit.

Au loin, le toc toc du pivert ; lumière du colza sur la route qui fait oublier le temps maussade ; je suis équipé pour me protéger de la pluie ; pour la journée, un bon café et flan nature offert par le boulanger : voilà comment s’engage une bonne et belle journée. A midi arrêt dans un café : on me propose une omelette salade : 5€, pour l’effort accompli. Tours à 12 km, c’est faisable.

Tout prêt de Tours, je m’engage sans le vouloir sur une voie rapide : un automobiliste s’arrête et me propose de m’extraire de là : me restera 3 km en ville : Basilique Saint Martin, il pleut, je sonne ; on m’attendait, on me propose un abri bien douillet . Plus tard, je fais connaissance d’un pèlerin qui descend du train et prend la route demain ; nous parlons du programme de demain : visite de la Cathédrale et départ sur le chemin. Nous envisageons de faire route ensemble jusqu’à Saintes. Ce soir vêpres à 18h et demain matin à 7h15 matines (avant le petit déj à 8h). Ce soir au repas (à 19h) une dame nous parle de ses recherches sur l’instrument de musique qu’utilisent les soeurs, sorte de harpe couchée. Nous descendons à la crypte pour l’office : chants MAGNIFIQUES accompagnés par cet instrument. A la sortie, les soeurs me parlent du travail à accomplir pour atteindre ce résultat. Il est 20h30, je ne me suis jamais couché aussi tard... Demain, expérience de marche à deux.

Après une brève visite à la Cathédrale de Tours pour faire poinçonner la « Crédentiale », nous nous dirigeons vers le sud de Tours pour traverser le Cher ; souvent, il n’est pas facile de s’extraire des villes. Le temps de marche passe plus vite à deux ; je téléphone à un hospitalier : la commune de Veigne peut nous recevoir dans un logement simple mais propre, réservé aux pèlerins ; et c’est gratuit ! Merci à la commune (qui escompte des retombées financières par les commerçants).
C’est le premier jour de marche pour mon compagnon de route, du même âge que moi, style bohème, mais vieux routard de Saint Jacques ; pour l’instant nous faisons connaissance ; lui s’arrêtera à Saintes. Ce soir pâtes sauce bolognaise, yaourt et une petite Heineken (c’est le week-end) : les ampoules ont disparu, du mieux pour le pied, rien à signaler côté genou ; l’ambiance sur le chemin, c’est vraiment particulier !

samedi 5 avril 2014

Michel : récit de voyage (04)

Cette fois ci, on compte un feuillet de plus que dans les premiers envois et, en prime, une petite aquarelle.

 
Savigne l’Eveque : arrivé chez Joël et son épouse qui me proposent une place dans leur jardin, mettent leur salle de douche à disposition et me transportent pour faire mes courses. Mes amis me présentent leur fils : une armoire à glace; avec lui pas de problème de relationnel !

Il a fait chaud aujourd’hui : port du chapeau obligatoire !  Je me suis arrêté trois fois pour boire un café . Beau paysage de la Sarthe. Dommage que nos campagnes soient aussi désertes. Ce matin, deux braves dames , d’un âge certain, m’ont raconté leurs marches passées, un vent de nostalgie a soufflé : un encouragement pour moi.


Derrière les barrières, les petits chiens, comme les gros, ont la causette agressive ; je serre un peu plus fort le bonhomme sculpté en haut de mon bâton de marche, celui qui rythme mon pas et qui me donne courage ; d’ailleurs, l’extrémité de mon bâton commence à s’user tout comme le talon de ma chaussure droite, signe d’une relative claudication.

Pensée du jour : « pour réduire nos dépenses, ne prenons qu’un seul repas par jour ! »

 Arrivé à Monce en Belin : une dame m’a accueilli dans son jardin ; d’abord, la gendarmerie m’avait envoyé au diable. Cette journée fut marquée par la rencontre d’un ami des « tasse cailloux » qui m’a indiqué l’itinéraire précis pour rejoindre Tours (me fournissant copie de la carte détaillée) : « ROYAL » ; solidarité de l’ancienne génération.

Ce midi, jour d’élections oblige : oeuf cocotte, rognons rosés, mousse choco, un litre d’eau... Ce soir, une pomme.

A méditer : « il n’est guère d’obstacle qu’on ne puisse surmonter avec de la persévérance »

Demain , j’expérimenterai le nouvel itinéraire fourni par  mon ami randonneur rencontré sur le chemin. 


Super ce chemin, très bien balisé par la coquille . Le matin, au départ, petite pluie fine , déjà présente toute la nuit et qui continue de tomber jusqu’à midi. Mais il ne fait pas froid .  Sur cette route, les gens connaissent les gars du voyage comme moi : une brave dame me propose un petit cake chocolat et noisette ; je l’embrasse pour la remercier. A midi, en forêt, petite pause détente ; le soleil perce les nuages. Je téléphone au gîte du pèlerin de Marigné-Laille ; on me dit que le gîte se trouve au camping communal et que je peux l’utiliser ; son responsable me rencontrera dans la soirée . C’est une bonne chose que d’être assuré d’avoir un point de chute à l’étape suivante ... quoiqu'on en dise !  Et surtout par temps de pluie  (dit-il pour se justifier).

Il est 15h40 , me voici attablé devant une grenadine à l’eau en attendant l’ouverture de l’épicerie et mon installation au gîte du camping. Le village de Marigné-Laillé parait désert à cette heure ; je remarque une architecture assez bourgeoise, preuve d’une opulence passée.

Je viens d’oter chaussures et chaussettes et mes pieds, au soleil, « reprennent du poil de la bête » ; quelques contractures, tout de même, sur les orteils et sous la voute plantaire ; Je pense à mes amis en séance peinture et à mes collèges au boulot avec les zozos ; allez ! je préfère être à ma place.

Gîte super sympa pour douze personnes, bonne douche, bon lavage... et tout ça pour 9.60 € ... Au dîner lentilles et tranche de rôti de porc puis ananas en boite avec tisane ; j’écoute les infos : remaniement : Valse en tête : je me dis : dommage que le travail ne puisse être délocalisé à Marigné-Laillé, parce qu’ici beaux logements et qualité de vie sont au rendez-vous.

Au repas, il y avait un bonus offert : un morceau de saucisson sec... A demain !
 

Chaude journée, aujourd’hui ; en milieu de parcours, j’ai eu du mal à trouver la bonne route ; alors, je me suis rabattu sur la nationale, moins agréable. A midi déjeuner dans un petit routier : crudités, steak de cheval, macédoine de fruits.
Trouver un point de chute au Château du Loir s’est avéré bien difficile : belles maisons, beaux jardins , mais ces dames sont sourdes à mes arguments : pèlerinage, acte chrétien, fatigue...Rien n’y a fait ! j’ai sonné à la porte d’une trentaine de maison pour demander l’hospitalité ("le Seigneur a cogné à tes volets, ami, ami, et toi tu dormais!") . Au moment où j’allais me résoudre à chercher un hôtel, malgré le beau temps, un garagiste m’indique une école de musique (comme celle qui existait au Havre au bas du tunnel Jener) ; je frappe à la porte, on m’ouvre, on m’accepte dans le parc mais du bout des lèvres : car dans ces cas là, difficile de contacter le responsable ; finalement, nuit sous tente prévue pour le moment... mais il n’est que 17h30.

mardi 1 avril 2014

Michel : récit de voyage (03)


Au courrier aujourd’hui, mêmes petits feuillets (cinq à nouveau) écrits recto/verso, et quelques photos, par mail.
 
Accueil chaleureux du père de Caroline, 87 ans qui reste bon connaisseur de vin. Je confirme ses dires: un verre de vin midi et soir, chaque jour, ça conserve ! Et de plus, comme d’autre joue du piano, lui, c’est aussi debout qu’il regarde la télé ! Enfin, conseil d’un professionnel, les médicaments sont à consommer le moins possible.


Ce matin, je quitte le logis sur la pointe des pieds, mon hôte fait la grasse mat. Au départ, quelques difficultés à trouver le GR ... pas grave, il fait beau. Mais à midi, le GR se transforme en bourbier, le chemin qui a du être utilisé pour évacuer des arbres abattus est défoncé: je sors éreinté de ce merdier pas possible et , en plus, en manque d’eau: j’arrête une voiture : on me renseigne ; comme d’habitude, les gens n’évaluent pas bien les distances pour le marcheur.
La journée se termine plus agréablement par la rencontre d’un couple de « tandémistes » : 70 ans et en super forme. Ils me réconfortent et m’informent que je suis à 4 km de ma destination : Assé le Boisne, petite commune de la Sarthe ; lorsque j’y arrive, je constate que l’épicerie est fermée ... mais j’avais prévu. Il est 17h40, tout est Ok sous la tente. Je dois attendre que la pluie cesse pour chauffer ma gamelle.  Ce soir, ce sera lentilles saucisses, si le temps le permet.

Il y a eu du givre au petit matin et le ciel a été clair toute la journée. J’avance bien, malgré ma cloque « monstrueuse », qui ne disparaît pas, là où elle est placée.
Je rencontre des taverniers : ils me parlent du voyage mais pour payer leur coup : zéro.

Je profite de cette attente pour faire un petit bilan du matériel :

-          Duvet : bien, la difficulté étant de remonter le rabat sur les épaules ; une fois installé, il ne faut pas avoir envie de pisser, sinon tout est à reprendre.

-          Réchauffeur : bien ; il permet de prendre un repas chaud... s’il n’y a rien à l’horizon. Un repas par jour, sinon fruits biscuits ou ce que je trouve ; pour le matin et le soir, un litre de jus de fruit.

-          Matelas « thermarest » : super, quand on a trouvé le sens pour l’installer

-          Sac à dos : bien pratique, grâce à ses nombreuses poches

-          Lingettes : bien pour se laver

-          Cagoule du soir : bien pour tenir au chaud le haut de la tête.

-          Gants : bien ; et dire que ne voulais pas les prendre !! Merci Elisabeth !

-          La Gourde de Jean-Marie : bien ... ça fait pèlerin

-          ...

Mais... Il arrête de pleuvoir, j’ai faim, je vous quitte... A demain

 Arrivé à Saint Marceau : le camping n’existe plus, mais je m’installe sur son emplacement. Le matin, j’ai acheté des chaussettes et à midi j’ai pris mon repas du jour dans un petit resto ; ce soir ce sera fromage, pomme et tisane.


Le moment est venu de se poser la question : comment vit-on ces longues heures de marche ?

Au début de la journée, on peut admirer le paysage , lors des premiers kilomètres ; puis après, l’échauffement des pieds se fait sentir, alors on ralentit, on s’appuie un peu plus sur la canne , on pense à une ou deux personnes en particulier, pendant une heure ou deux. A 11h ou midi, on prend un rafraîchissement et on mange un fruit : à partir de ce moment, si on s’arrête l’echauffement des pieds est bien présent et si on continue c’est de plus en plus doucement ; le déséquilibre augmente, alors il faut le compenser, c’est plus dur. A 16h 16h30 au plus tard l’étape doit être bouclée et les gestes pour préparer sa nuit de sommeil, on doit les faire dans la foulée (si j’ose dire). Si on dort à l’hotel, pas de problème ; sinon monter la tente, c’est plus dur ; ensuite quelques gestes plus rapides : soins des pieds, toilette et pipi : alors, une fois allongé c’est fini : la grande détente des jambes commence : d’abord des spasmes de douleur puis petit à petit, les pieds refroidissent et la paralysie disparaît. Le lendemain (jusqu’à présent), je peux repartir...Alors
Réparation de ma sacoche à cartes ; j’ai toujours aimé coudre !

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