Bonjour, ami marcheur

Te voilà sur « Croquenots », ce blog qui se veut le lien modeste mais résolu de notre groupe de randonneurs havrais, nous qui partageons ces moments d'amitié sportifs festifs et culturels sur les chemins de Normandie et parfois au delà.

mardi 22 avril 2014

Michel : récit de voyage (08)




Vendredi 11 avril :
Ce matin, lever à 7h et messe à 8h avec les bénédictins de Liguge et, dans un élan de foi, je communie : les chants sont à la hauteur des espérances. Avant de partir et de remercier les frères, nous discutons avec des lycéens de Paris en retraite chez les bénédictins.

Départ sous le soleil, puis une bruine persistante pendant toute la matinée ; le chemin est bien balisé mais plus long ; à un moment nous escaladons un talus pour franchir une voie ferrée mais de l’autre côté, pas de chemin : pour redescendre en sécurité je laisse glisser mon sac : gare aux chevilles ! Nous avons perdu notre chemin ! Un homme de 83 ans nous propose de nous sortir de ce mauvais pas.

Nous cherchons un point de chute pour la nuit prochaine : un hospitalier haut de gamme est trop cher pour nous, alors nous décidons de nous arrêter à Lusignan : accueil pèlerin dans un superbe château, chambre individuelle idéale pour nous reposer après une longue journée de marche : ce soir au bistrot du coin, 6 huîtres avec un verre de blanc et une tartelette aux pommes pour finir.

Cette journée sera marquée par la rencontre d’un troisième pèlerin arrivé avant nous ; un autre marcheur, lui, commence là son parcours : habitué du trek, il aligne 50 bornes par jour les doigts dans le nez : nous n’en sommes pas là !   Bonne nuit...

Samedi 12 avril :
Très bonne nuit au château sous la protection de la fée Mélusine. Il est 10h, j’attends mon coach sous le soleil  place de la mairie: une petite marche de 12 km est prévue aujourd’hui, du fait de notre réservation pour la nuit prochaine au refuge pèlerin de Saint Sauvant. Je pense à « The Voice » que je vais louper ce soir à la télé : ici « The Voice » , c’est dans les églises que ça se passe...

Nous apprenons que la région que nous traversons fut un haut lieu de la Résistance : beaucoup d’hommes y sont morts au combat.

Le nouveau Jacquere marche bien : demain, ça va être dur de suivre le rythme car nous aurons 22 à 25 km à faire pour rejoindre le relais suivant.

Pour l’heure, le gîte où nous sommes est plein de victuailles laissées par des pèlerins précédents : un petit coup d’alcool du pays viendra sceller notre rencontre ; sieste jusqu’à 16h, visite du village et aquarelle . Une boite de pêches au sirop , un yaourt et au lit ; le linge lavé et rincé est au sèche-linge : vous voyez le confort !!!
 
Dimanche 13 avril
« On a l’age de sa tête »

« Il nous aura fallu du talent pour devenir vieux sans être adulte » (Jacques Brel)

Ce matin, sur la route, à sa demande, nous avons inauguré un banc qu’un homme vient de construire au bord du chemin : situé à l’ombre et à la bonne hauteur, il est superbe ; merci à lui !

Une bonne et belle marche au soleil : 27 km sans trop de difficultés ; quand nous arrivons au gîte, la porte est fermée malgré les infos que nous avons fournies sur l’heure de notre arrivée. Pas d’aide à attendre ni de la mairie, ni de la gendarmerie contactées par téléphone. J’attends devant la maison mes 2 camarades à la recherche d’une dame qui éventuellement pourrait nous ouvrir. Entre temps je « tigone » la serrure à code et après 2 à 3 essais je réussis à ouvrir la porte : formidable ! Un coup de fil à mes 2 collègues pour qu’ils rappliquent et hop, nous voilà installés : dans la foulée, tournée générale de tortillas . Pour l’étape de demain les avis divergent sur la distance à parcourir : après la nuit, nous déciderons...

jeudi 17 avril 2014

Michel : récit de voyage (07)


Mardi 8 avril : mauvaise nuit, due sans doute au plat de riz au thon trop copieux ; départ prévu à 8h30 mais nous sommes bloqués à la terrasse d’un café par une averse de pluie : pas la peine de se faire rincer, surtout que Chatellerault n’est qu’à 17 km ; Henri tient moins bien la distance que moi ; lorsqu’on est 2, on se régule sur le plus lent. « tous les matins nous partons, c’est le chemin de Compostelle qui nous appelle... »

Arrivée à Chatellerault : bien belle ville et magnifique cathédrale. Nous allons au camping pour un mobil home à 3€ par personne : royal ! aujourd’hui lessive à la machine ; au menu, ce soir, grillade, pâtes et yaourt et un coup de rosé « pour enfreindre le protocole »

La météo aujourd’hui nous avait prévu un temps clément mais le ciel est resté couvert : un peu froid mais agréable pour marcher.

A la télé, nous écoutons un commentaire de notre nouveau gouvernement : « blablabla, blablabla ».

Pensée du jour : « la rosée du matin n’arrête pas le pèlerin »  
Mercredi 9 avril :  après une nuit agitée (contraction des muscles des jambes), nous reprenons la marche, sous le soleil, sur une belle route départementale qui longe la Vienne. Je commence à davantage relever la tête pour apprécier le paysage. Petit café à Cenon sur Vienne. Mon « coach » Henri est sensible aux empreintes des biches que nous devinons au sol lorsque nous sommes en forêt ; le sol est parfois gorgé d’eau et les chaussures s’en ressentent.
Notre Henri a fière allure avec son bâton de pèlerin et son parapluie fichés sur le côté du sac à dos dressés comme un étendard, cavalier d’une autre époque, barbe et cheveux hirsutes à la François 1er et l’air coquin de Henri IV.

Ce soir, en apéritif, des rions dégotés chez le charcutier, arrosé d’un bon jus de raisin en carton. Le cassoulet n’est pas le met le plus facile à réchauffer en camping surtout pour nettoyer la gamelle. Nous avons planté nos tentes dans un camping qui n’est pas encore ouvert : nous « flottons » parmi les pâquerettes et les tourterelles dans les arbres nous rigolent au nez ; tout est calme, je viens de chez le boucher où nous avons fait nos provisions avec une bouteille d’eau en cadeau.
La famille et les copains du Havre ont monté la cabane de plage : tout fiers de leur exploit, il m’ont envoyé une photo de la cabane : bravo et merci. A méditer : « le prix d’un bienfait est double quand ce bienfait est lui-même caché ». 
Jeudi 10 avril : nous cheminons sur la voie romaine qui mène à Poitiers : c’est une route droite qui passe à travers champs, nous sommes ravis de l’emprunter. Les moines de Liguge après Poitiers doivent nous accueillir mais avant nous faisons une pause dans la magnifique cathédrale de Poitiers et à 17h30, nous sommes toujours sur la route ! une dame « bien de sa personne » nous accompagne. A l’arrivée, c’est un frère bénédictin qui nous montre nos chambres, mais contrairement à la veille le repas n’est pas prévu ; nous achetons du pain et improvisons le repas avec ce que nous avons sur nous.

Batterie de téléphone rechargées, Elisabeth me donne des nouvelles.

A 20h messe à la chapelle, cela peut-il m’aider à être meilleur ? Une prière pour mes pieds et mes muscles , ça peut aussi se faire !!! Des chants magnifiques résonnent dans l’Abbaye, je ne veux pas louper ça...
Je me couche de plus en plus tard , bon ou mauvais signe ?  Je vais m’assoupir en écoutant ces chants magnifiques, cela me rappelle notre voyage en Russie, cette soirée passée avec Jean-Marie et Baptiste, nos tentes adossées au feu, à l’écoute des chants s’élevant de la basilique au loin : comme dit Henri, c’est ça aussi le chemin...

mercredi 16 avril 2014

Un Ch’ti week-end


Un p’tit coup de Croquenots entre 2 chroniques du pèlerin


A Lewarde samedi 12 avril 10h30, tout le monde est sur le carreau de la mine, pile à l’heure au rendez-vous.

Au centre historique minier,  on apprend tout ce qu’il faut savoir sur le charbon, son origine lointaine, l’art et la manière de l’extraire des entrailles de la terre, la dure et si courte vie des hommes (et parfois des femmes) de la mine mais aussi leur fierté au travail , leur courage, la force de leur solidarité : on peut tout visualiser, sur le site : le minerai et sa formation, les techniques d’exploitation et de transport, les galeries  creusées à mille mètres sous terre, les outils et les équipements des mineurs à toutes les périodes successives de l’exploitation des mines.
En fin de visite, un oral de contrôle des connaissances est réalisé et un dialogue se noue en dialecte ch’ti avec l’ancien mineur chargé de ce contrôle : Claire, pour qui cette langue semble familière, est son interlocutrice privilégiée et on saisit, lors de leurs échanges, qu’entre eux, il est beaucoup question de poireau (enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre).

Déjeuner au maroilles pris au resto du site et direction le musée du Louvre à Lens que nous découvrons sous la houlette d’un jeune guide disert  et précieux : universalité de l’art à travers les siècles et les continents : de la sainte vierge aux dieux païens de toutes origines en ce lieu réunis, les ressemblances sont là qui nous sautent aux yeux (enfin, presque).

A peine sortis de ce lieu magique et solennel, nous filons vers Lille, à l’auberge de jeunesse où nous passerons la nuit. Mais d’abord, un dîner de tartines et maroilles dans un resto de jeunes puis un tour de la place Charles de Gaule et retour à l’auberge où, lorsque nous traversons le bar, une jeunesse bruyante et cosmopolite nous souhaite une bonne nuit : d’après les échos musicaux entendus à notre réveil au petit matin, nous avons compris que leur nuit, à eux, avait été longue et joyeuse !

Après le petit déj pris au bar de l’auberge et sans maroilles, nous voilà partis pour entamer une visite du vieux Lille et du Centre ville : d’abord le marché : au marché bobo, peu de bobos à cette heure matinale, car le bobo se lève tard le dimanche (je vous le dit, parole de bobo !). Certains d’entre nous se précipitent sur le maroilles pour en faire provision. Ils laisseront derrière eux, à travers la ville,  la douce effluve de ce fromage, promesse de délices gastronomiques : la place Charles de Gaule, le Beffroi, l’Opéra, le célèbre Carlton de Dédé la Saumure, la gare, la Bourse, la rue de la monnaie, autant de sites visités et parfumés. Et au déjeuner dans l’estaminet « la vieille France », du maroilles, bien sur !

A 16h, à Roubaix, nous entamons la visite de « la Piscine », guidés par une jeune femme fière de son musée : c’est beau ! Un grand bassin d’eau faïencé, bordé de statues éclairées aux lumières des 2 verrières en soleil et de part et d’autres l’exposition de peintures et sculptures :
un final superbe pour ce week-end excellemment organisé par Gisèle et Jean-François.
 
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