Bonjour, ami marcheur

Te voilà sur « Croquenots », ce blog qui se veut le lien modeste mais résolu de notre groupe de randonneurs havrais, nous qui partageons ces moments d'amitié sportifs festifs et culturels sur les chemins de Normandie et parfois au delà.

lundi 14 avril 2014

Michel : récit de voyage (06)


Multes illustrations (3 petites aquarelles et 3 photos) pour accompagner ce 6ème chapitre de ce récit de voyage

 Arrivé à Sainte Catherine de Fierbois où, jadis, Jeanne d’Arc alla chercher son épée aux 5 croix.

Bonne journée de marche à deux sur un vrai chemin de rando à travers bois et champs ; nous marchons l’un derrière l’autre ; nous refaisons le monde au vu de nos nos propres expériences de vie et le temps passe plus vite. Mon coéquipier ne peut s’empêcher de fumer, il a demandé une clope à une jeune femme ; en marchant il enlève son dentier pour mieux respirer et le remet quand on a l’obligation de se présenter.



J’ai un peu galéré dans les ornières des champ, mais finalement, ça va. Ce soir nous eu du bol de pouvoir monter la tente chez un hospitalier qui, de plus, a fait chauffer nos gamelles pour le dîner.

A 17h45, nous nous sommes rendus à l’église où Jeanne d’Arc a trouvé l’épée ; il y a une trentaine d’années, un forgeron anonyme a déposé une épée à cet endroit: elle est solidement fixée au mur !

Nous nous allongeons confortablement sous nos tentes : demain est un autre jour !

Pensée du jour : « quand on a rien à se reprocher,on n’a point sujet d’avoir peur » 
 
 Ce matin réveillés par le croassement des grenouilles et crapauds ; mais nous restons « au lit » jusqu’à 8h : pas la peine de se bousculer, le samedi dimanche, il est plus difficile de s’approvisionner, il faut faire attention. La nuit s’est bien passée, je continue de lire mon livre calmement ; un certain rituel s’instaure dans ma vie de tous les jours ; à deux, le temps passe plus vite ; j’espère pouvoir rencontrer d’autres pèlerins comme Henri qui est, depuis mon départ, le seul que j’ai croisé.

Aujourd’hui, erreurs de parcours : cette journée restera celle des « va et vient » !! L’itinéraire est chamboulé par la construction de la ligne TGV ; nous cherchons à obtenir des renseignements auprès des automobilistes qui craignent parfois de s’arrêter. Un couple de notre âge nous remet dans le droit chemin, un pot d’amitié et nous voilà repartis. Mon ami Henri fume parfois un petit cigare au goût vanille qui empeste même en plein air !

A l’arrivée, je négocie par téléphone le prix de la chambre : 10€ chacun avec une omelette : nous serons au dur, ce soir. A côté de moi, Henri manipule son téléphone, une musique retentit : soit, il a gagné à quelque jeu, soit il a envoyé un message?

Ici, c’est priorité à  l’élevage des chevaux ; les gens ont l’air heureux au vide grenier qui se déroule cet après-midi, sous ce beau soleil.

Pensée du jour : « qui vole un oeuf, vole un boeuf » ; on a rien volé, mais on nous a donné des oeufs.

 

« J’vais mettre mes dents à tremper » me déclare Henri ; j’en profite pour écrire, dans cette agréable « alberguée » à Dangé Saint Romain, notre point de chute aujourd’hui; les courses sont faites (thon et riz au menu) : douche , lavage du linge et réservation par téléphone pour demain au camping mobil-home de Chatellerault : 5€ chacun : Henri est soulagé, car il ne dispose pas du même budget que moi ; sur le chemin, il quémande souvent une cigarette, à droite, à gauche : ça l’aide à moins fumer ! dit-il... je veux bien, mais...

Ce matin, deux chevreuils bondissant croisés près des champs de colza, ça sent bon !!
Le caractère de chacun se dévoile au fur et à mesure de notre cohabitation. Henri est sensible aux injustices de la société.

mardi 8 avril 2014

Michel : récit de voyage (05)


Record battu : 9 feuillets dans cet envoi

 

La pensée du jour: «  nul bien sans peine »

L’ampoule la plus importante au pied gauche est toute sèche ; plus besoin de « compeed ».

Le soir, encore quelques courbatures aux chevilles et au bas des jambes et un point douloureux sur la fesse gauche.
J’ai appris à bien ajuster mon sac : en modifiant le réglage des sangles, je peux reporter la charge d’un côté ou de l’autre. Ce matin, un point douloureux au niveau des reins, à gauche. Dans la journée, je ne dois pas m’arrêter trop longtemps à cause de l’échauffement des pieds et il me faut quelques temps pour que tout se remette en place; le soir après une demi-heure d’arrêt, je marche très mal, la récupération est très longue ; pendant la nuit, les douleurs s’estompent et au matin, c’est super...

Bien que seul pendant la journée, j’arrive à occuper mon esprit tout en marchant : c’est mon bâton qui rythme mon pas. Ah ! ce petit bonhomme toujours dodelinant à l’avant.

Dans la tente, plier et ranger, c’est terrible, car ça m’oblige à des contorsions très difficiles pour moi (du fait de mon gabarit) : enfiler les chaussettes en position allongée, enfourner le duvet compressible dans le sac, rouler le matelas dégonflé, tout ranger au mieux dans le sac et après, seulement après, démonter, plier et ranger la tente. Quand tous ces gestes sont accomplis, la recherche d’un café pour un bon double bien chaud... et peut-être un croissant !

Les tourterelles s’agitent et roucoulent au dessus de ma tête, sans doute pour me rappeler le foyer de mon enfance. Je referme le carnet de notes et bonne nuit...

 

Au revoir l’école de musique .... Je m’excuse auprès du patron pour les aléas de la réservation d’une chambre, mais ça aurait été dommage de ne pas monter la tente. Au café de la gare, un bon café et un pain au chocolat.

J’ai suivi le chemin du pèlerin ; Dans les prés, les chevaux revêtus de leur manteau de toile cirée s’approchent pour me saluer, en hochant l’encolure ; ils m’adressent un regard tendre.

C’est étonnant combien l’évaluation des distances peut être approximative : aujourd’hui, c’était bon pour moi : 10 km au lieu des 15 prévus. Ce midi, je me confectionne un sandwich à l’épicerie arabe du coin ; dans l’armoire réfrigérée des boissons, que de la bière ! je lui demande une bouteille d’eau : de l’arrière boutique, il sort une eau soit disant fraîche (je te jure, mon frère !).

Restent 9 km pour arriver, je me fais violence pour être ce soir à Neuillé Pont Pierre ; J’arrive à proximité du centre de loisirs avec karting ; le patron m’indique un coin tranquille près de l’aire de pique-nique.

La bonne condition de marche sur une route dépend grandement du profil bombé du revêtement : alors j’adopte alternativement l’un ou l’autre côté de la route, suivant « l’humeur » de mes pieds. Bientôt 16h, je prends un pot au stand du karting ;un écolier de CE1 fait ses devoirs : il s’en sort bien à en juger sa récitation et il apprend bien.

 Je m’enhardis pour sonner aux portes et demander l’hospitalité pour monter ma tente ; j’étais hésitant les premiers jours, parfois confus, même; aujourd’hui j’y prends même un malin plaisir. D’abord les mots : Saint Jacques, pèlerin; puis les arguments de charité, chrétienneté, d’humanité : alors, les personnes , surtout les femmes, ont cette réaction : « prions, mais pas de ça chez nous » ; plus tard, le souvenir de mon passage leur reviendra un jour ou l’autre. Les hommes sont plus ouverts à ce genre de situation : « je pense le faire, j’aimerais le faire, je le ferai ».

Bientôt Tours, nous verrons ce que le chemin me réserve : bonne nuit.

Au loin, le toc toc du pivert ; lumière du colza sur la route qui fait oublier le temps maussade ; je suis équipé pour me protéger de la pluie ; pour la journée, un bon café et flan nature offert par le boulanger : voilà comment s’engage une bonne et belle journée. A midi arrêt dans un café : on me propose une omelette salade : 5€, pour l’effort accompli. Tours à 12 km, c’est faisable.

Tout prêt de Tours, je m’engage sans le vouloir sur une voie rapide : un automobiliste s’arrête et me propose de m’extraire de là : me restera 3 km en ville : Basilique Saint Martin, il pleut, je sonne ; on m’attendait, on me propose un abri bien douillet . Plus tard, je fais connaissance d’un pèlerin qui descend du train et prend la route demain ; nous parlons du programme de demain : visite de la Cathédrale et départ sur le chemin. Nous envisageons de faire route ensemble jusqu’à Saintes. Ce soir vêpres à 18h et demain matin à 7h15 matines (avant le petit déj à 8h). Ce soir au repas (à 19h) une dame nous parle de ses recherches sur l’instrument de musique qu’utilisent les soeurs, sorte de harpe couchée. Nous descendons à la crypte pour l’office : chants MAGNIFIQUES accompagnés par cet instrument. A la sortie, les soeurs me parlent du travail à accomplir pour atteindre ce résultat. Il est 20h30, je ne me suis jamais couché aussi tard... Demain, expérience de marche à deux.

Après une brève visite à la Cathédrale de Tours pour faire poinçonner la « Crédentiale », nous nous dirigeons vers le sud de Tours pour traverser le Cher ; souvent, il n’est pas facile de s’extraire des villes. Le temps de marche passe plus vite à deux ; je téléphone à un hospitalier : la commune de Veigne peut nous recevoir dans un logement simple mais propre, réservé aux pèlerins ; et c’est gratuit ! Merci à la commune (qui escompte des retombées financières par les commerçants).
C’est le premier jour de marche pour mon compagnon de route, du même âge que moi, style bohème, mais vieux routard de Saint Jacques ; pour l’instant nous faisons connaissance ; lui s’arrêtera à Saintes. Ce soir pâtes sauce bolognaise, yaourt et une petite Heineken (c’est le week-end) : les ampoules ont disparu, du mieux pour le pied, rien à signaler côté genou ; l’ambiance sur le chemin, c’est vraiment particulier !

samedi 5 avril 2014

Michel : récit de voyage (04)

Cette fois ci, on compte un feuillet de plus que dans les premiers envois et, en prime, une petite aquarelle.

 
Savigne l’Eveque : arrivé chez Joël et son épouse qui me proposent une place dans leur jardin, mettent leur salle de douche à disposition et me transportent pour faire mes courses. Mes amis me présentent leur fils : une armoire à glace; avec lui pas de problème de relationnel !

Il a fait chaud aujourd’hui : port du chapeau obligatoire !  Je me suis arrêté trois fois pour boire un café . Beau paysage de la Sarthe. Dommage que nos campagnes soient aussi désertes. Ce matin, deux braves dames , d’un âge certain, m’ont raconté leurs marches passées, un vent de nostalgie a soufflé : un encouragement pour moi.


Derrière les barrières, les petits chiens, comme les gros, ont la causette agressive ; je serre un peu plus fort le bonhomme sculpté en haut de mon bâton de marche, celui qui rythme mon pas et qui me donne courage ; d’ailleurs, l’extrémité de mon bâton commence à s’user tout comme le talon de ma chaussure droite, signe d’une relative claudication.

Pensée du jour : « pour réduire nos dépenses, ne prenons qu’un seul repas par jour ! »

 Arrivé à Monce en Belin : une dame m’a accueilli dans son jardin ; d’abord, la gendarmerie m’avait envoyé au diable. Cette journée fut marquée par la rencontre d’un ami des « tasse cailloux » qui m’a indiqué l’itinéraire précis pour rejoindre Tours (me fournissant copie de la carte détaillée) : « ROYAL » ; solidarité de l’ancienne génération.

Ce midi, jour d’élections oblige : oeuf cocotte, rognons rosés, mousse choco, un litre d’eau... Ce soir, une pomme.

A méditer : « il n’est guère d’obstacle qu’on ne puisse surmonter avec de la persévérance »

Demain , j’expérimenterai le nouvel itinéraire fourni par  mon ami randonneur rencontré sur le chemin. 


Super ce chemin, très bien balisé par la coquille . Le matin, au départ, petite pluie fine , déjà présente toute la nuit et qui continue de tomber jusqu’à midi. Mais il ne fait pas froid .  Sur cette route, les gens connaissent les gars du voyage comme moi : une brave dame me propose un petit cake chocolat et noisette ; je l’embrasse pour la remercier. A midi, en forêt, petite pause détente ; le soleil perce les nuages. Je téléphone au gîte du pèlerin de Marigné-Laille ; on me dit que le gîte se trouve au camping communal et que je peux l’utiliser ; son responsable me rencontrera dans la soirée . C’est une bonne chose que d’être assuré d’avoir un point de chute à l’étape suivante ... quoiqu'on en dise !  Et surtout par temps de pluie  (dit-il pour se justifier).

Il est 15h40 , me voici attablé devant une grenadine à l’eau en attendant l’ouverture de l’épicerie et mon installation au gîte du camping. Le village de Marigné-Laillé parait désert à cette heure ; je remarque une architecture assez bourgeoise, preuve d’une opulence passée.

Je viens d’oter chaussures et chaussettes et mes pieds, au soleil, « reprennent du poil de la bête » ; quelques contractures, tout de même, sur les orteils et sous la voute plantaire ; Je pense à mes amis en séance peinture et à mes collèges au boulot avec les zozos ; allez ! je préfère être à ma place.

Gîte super sympa pour douze personnes, bonne douche, bon lavage... et tout ça pour 9.60 € ... Au dîner lentilles et tranche de rôti de porc puis ananas en boite avec tisane ; j’écoute les infos : remaniement : Valse en tête : je me dis : dommage que le travail ne puisse être délocalisé à Marigné-Laillé, parce qu’ici beaux logements et qualité de vie sont au rendez-vous.

Au repas, il y avait un bonus offert : un morceau de saucisson sec... A demain !
 

Chaude journée, aujourd’hui ; en milieu de parcours, j’ai eu du mal à trouver la bonne route ; alors, je me suis rabattu sur la nationale, moins agréable. A midi déjeuner dans un petit routier : crudités, steak de cheval, macédoine de fruits.
Trouver un point de chute au Château du Loir s’est avéré bien difficile : belles maisons, beaux jardins , mais ces dames sont sourdes à mes arguments : pèlerinage, acte chrétien, fatigue...Rien n’y a fait ! j’ai sonné à la porte d’une trentaine de maison pour demander l’hospitalité ("le Seigneur a cogné à tes volets, ami, ami, et toi tu dormais!") . Au moment où j’allais me résoudre à chercher un hôtel, malgré le beau temps, un garagiste m’indique une école de musique (comme celle qui existait au Havre au bas du tunnel Jener) ; je frappe à la porte, on m’ouvre, on m’accepte dans le parc mais du bout des lèvres : car dans ces cas là, difficile de contacter le responsable ; finalement, nuit sous tente prévue pour le moment... mais il n’est que 17h30.

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