Bonjour, ami marcheur

Te voilà sur « Croquenots », ce blog qui se veut le lien modeste mais résolu de notre groupe de randonneurs havrais, nous qui partageons ces moments d'amitié sportifs festifs et culturels sur les chemins de Normandie et parfois au delà.

mardi 8 avril 2014

Michel : récit de voyage (05)


Record battu : 9 feuillets dans cet envoi

 

La pensée du jour: «  nul bien sans peine »

L’ampoule la plus importante au pied gauche est toute sèche ; plus besoin de « compeed ».

Le soir, encore quelques courbatures aux chevilles et au bas des jambes et un point douloureux sur la fesse gauche.
J’ai appris à bien ajuster mon sac : en modifiant le réglage des sangles, je peux reporter la charge d’un côté ou de l’autre. Ce matin, un point douloureux au niveau des reins, à gauche. Dans la journée, je ne dois pas m’arrêter trop longtemps à cause de l’échauffement des pieds et il me faut quelques temps pour que tout se remette en place; le soir après une demi-heure d’arrêt, je marche très mal, la récupération est très longue ; pendant la nuit, les douleurs s’estompent et au matin, c’est super...

Bien que seul pendant la journée, j’arrive à occuper mon esprit tout en marchant : c’est mon bâton qui rythme mon pas. Ah ! ce petit bonhomme toujours dodelinant à l’avant.

Dans la tente, plier et ranger, c’est terrible, car ça m’oblige à des contorsions très difficiles pour moi (du fait de mon gabarit) : enfiler les chaussettes en position allongée, enfourner le duvet compressible dans le sac, rouler le matelas dégonflé, tout ranger au mieux dans le sac et après, seulement après, démonter, plier et ranger la tente. Quand tous ces gestes sont accomplis, la recherche d’un café pour un bon double bien chaud... et peut-être un croissant !

Les tourterelles s’agitent et roucoulent au dessus de ma tête, sans doute pour me rappeler le foyer de mon enfance. Je referme le carnet de notes et bonne nuit...

 

Au revoir l’école de musique .... Je m’excuse auprès du patron pour les aléas de la réservation d’une chambre, mais ça aurait été dommage de ne pas monter la tente. Au café de la gare, un bon café et un pain au chocolat.

J’ai suivi le chemin du pèlerin ; Dans les prés, les chevaux revêtus de leur manteau de toile cirée s’approchent pour me saluer, en hochant l’encolure ; ils m’adressent un regard tendre.

C’est étonnant combien l’évaluation des distances peut être approximative : aujourd’hui, c’était bon pour moi : 10 km au lieu des 15 prévus. Ce midi, je me confectionne un sandwich à l’épicerie arabe du coin ; dans l’armoire réfrigérée des boissons, que de la bière ! je lui demande une bouteille d’eau : de l’arrière boutique, il sort une eau soit disant fraîche (je te jure, mon frère !).

Restent 9 km pour arriver, je me fais violence pour être ce soir à Neuillé Pont Pierre ; J’arrive à proximité du centre de loisirs avec karting ; le patron m’indique un coin tranquille près de l’aire de pique-nique.

La bonne condition de marche sur une route dépend grandement du profil bombé du revêtement : alors j’adopte alternativement l’un ou l’autre côté de la route, suivant « l’humeur » de mes pieds. Bientôt 16h, je prends un pot au stand du karting ;un écolier de CE1 fait ses devoirs : il s’en sort bien à en juger sa récitation et il apprend bien.

 Je m’enhardis pour sonner aux portes et demander l’hospitalité pour monter ma tente ; j’étais hésitant les premiers jours, parfois confus, même; aujourd’hui j’y prends même un malin plaisir. D’abord les mots : Saint Jacques, pèlerin; puis les arguments de charité, chrétienneté, d’humanité : alors, les personnes , surtout les femmes, ont cette réaction : « prions, mais pas de ça chez nous » ; plus tard, le souvenir de mon passage leur reviendra un jour ou l’autre. Les hommes sont plus ouverts à ce genre de situation : « je pense le faire, j’aimerais le faire, je le ferai ».

Bientôt Tours, nous verrons ce que le chemin me réserve : bonne nuit.

Au loin, le toc toc du pivert ; lumière du colza sur la route qui fait oublier le temps maussade ; je suis équipé pour me protéger de la pluie ; pour la journée, un bon café et flan nature offert par le boulanger : voilà comment s’engage une bonne et belle journée. A midi arrêt dans un café : on me propose une omelette salade : 5€, pour l’effort accompli. Tours à 12 km, c’est faisable.

Tout prêt de Tours, je m’engage sans le vouloir sur une voie rapide : un automobiliste s’arrête et me propose de m’extraire de là : me restera 3 km en ville : Basilique Saint Martin, il pleut, je sonne ; on m’attendait, on me propose un abri bien douillet . Plus tard, je fais connaissance d’un pèlerin qui descend du train et prend la route demain ; nous parlons du programme de demain : visite de la Cathédrale et départ sur le chemin. Nous envisageons de faire route ensemble jusqu’à Saintes. Ce soir vêpres à 18h et demain matin à 7h15 matines (avant le petit déj à 8h). Ce soir au repas (à 19h) une dame nous parle de ses recherches sur l’instrument de musique qu’utilisent les soeurs, sorte de harpe couchée. Nous descendons à la crypte pour l’office : chants MAGNIFIQUES accompagnés par cet instrument. A la sortie, les soeurs me parlent du travail à accomplir pour atteindre ce résultat. Il est 20h30, je ne me suis jamais couché aussi tard... Demain, expérience de marche à deux.

Après une brève visite à la Cathédrale de Tours pour faire poinçonner la « Crédentiale », nous nous dirigeons vers le sud de Tours pour traverser le Cher ; souvent, il n’est pas facile de s’extraire des villes. Le temps de marche passe plus vite à deux ; je téléphone à un hospitalier : la commune de Veigne peut nous recevoir dans un logement simple mais propre, réservé aux pèlerins ; et c’est gratuit ! Merci à la commune (qui escompte des retombées financières par les commerçants).
C’est le premier jour de marche pour mon compagnon de route, du même âge que moi, style bohème, mais vieux routard de Saint Jacques ; pour l’instant nous faisons connaissance ; lui s’arrêtera à Saintes. Ce soir pâtes sauce bolognaise, yaourt et une petite Heineken (c’est le week-end) : les ampoules ont disparu, du mieux pour le pied, rien à signaler côté genou ; l’ambiance sur le chemin, c’est vraiment particulier !

samedi 5 avril 2014

Michel : récit de voyage (04)

Cette fois ci, on compte un feuillet de plus que dans les premiers envois et, en prime, une petite aquarelle.

 
Savigne l’Eveque : arrivé chez Joël et son épouse qui me proposent une place dans leur jardin, mettent leur salle de douche à disposition et me transportent pour faire mes courses. Mes amis me présentent leur fils : une armoire à glace; avec lui pas de problème de relationnel !

Il a fait chaud aujourd’hui : port du chapeau obligatoire !  Je me suis arrêté trois fois pour boire un café . Beau paysage de la Sarthe. Dommage que nos campagnes soient aussi désertes. Ce matin, deux braves dames , d’un âge certain, m’ont raconté leurs marches passées, un vent de nostalgie a soufflé : un encouragement pour moi.


Derrière les barrières, les petits chiens, comme les gros, ont la causette agressive ; je serre un peu plus fort le bonhomme sculpté en haut de mon bâton de marche, celui qui rythme mon pas et qui me donne courage ; d’ailleurs, l’extrémité de mon bâton commence à s’user tout comme le talon de ma chaussure droite, signe d’une relative claudication.

Pensée du jour : « pour réduire nos dépenses, ne prenons qu’un seul repas par jour ! »

 Arrivé à Monce en Belin : une dame m’a accueilli dans son jardin ; d’abord, la gendarmerie m’avait envoyé au diable. Cette journée fut marquée par la rencontre d’un ami des « tasse cailloux » qui m’a indiqué l’itinéraire précis pour rejoindre Tours (me fournissant copie de la carte détaillée) : « ROYAL » ; solidarité de l’ancienne génération.

Ce midi, jour d’élections oblige : oeuf cocotte, rognons rosés, mousse choco, un litre d’eau... Ce soir, une pomme.

A méditer : « il n’est guère d’obstacle qu’on ne puisse surmonter avec de la persévérance »

Demain , j’expérimenterai le nouvel itinéraire fourni par  mon ami randonneur rencontré sur le chemin. 


Super ce chemin, très bien balisé par la coquille . Le matin, au départ, petite pluie fine , déjà présente toute la nuit et qui continue de tomber jusqu’à midi. Mais il ne fait pas froid .  Sur cette route, les gens connaissent les gars du voyage comme moi : une brave dame me propose un petit cake chocolat et noisette ; je l’embrasse pour la remercier. A midi, en forêt, petite pause détente ; le soleil perce les nuages. Je téléphone au gîte du pèlerin de Marigné-Laille ; on me dit que le gîte se trouve au camping communal et que je peux l’utiliser ; son responsable me rencontrera dans la soirée . C’est une bonne chose que d’être assuré d’avoir un point de chute à l’étape suivante ... quoiqu'on en dise !  Et surtout par temps de pluie  (dit-il pour se justifier).

Il est 15h40 , me voici attablé devant une grenadine à l’eau en attendant l’ouverture de l’épicerie et mon installation au gîte du camping. Le village de Marigné-Laillé parait désert à cette heure ; je remarque une architecture assez bourgeoise, preuve d’une opulence passée.

Je viens d’oter chaussures et chaussettes et mes pieds, au soleil, « reprennent du poil de la bête » ; quelques contractures, tout de même, sur les orteils et sous la voute plantaire ; Je pense à mes amis en séance peinture et à mes collèges au boulot avec les zozos ; allez ! je préfère être à ma place.

Gîte super sympa pour douze personnes, bonne douche, bon lavage... et tout ça pour 9.60 € ... Au dîner lentilles et tranche de rôti de porc puis ananas en boite avec tisane ; j’écoute les infos : remaniement : Valse en tête : je me dis : dommage que le travail ne puisse être délocalisé à Marigné-Laillé, parce qu’ici beaux logements et qualité de vie sont au rendez-vous.

Au repas, il y avait un bonus offert : un morceau de saucisson sec... A demain !
 

Chaude journée, aujourd’hui ; en milieu de parcours, j’ai eu du mal à trouver la bonne route ; alors, je me suis rabattu sur la nationale, moins agréable. A midi déjeuner dans un petit routier : crudités, steak de cheval, macédoine de fruits.
Trouver un point de chute au Château du Loir s’est avéré bien difficile : belles maisons, beaux jardins , mais ces dames sont sourdes à mes arguments : pèlerinage, acte chrétien, fatigue...Rien n’y a fait ! j’ai sonné à la porte d’une trentaine de maison pour demander l’hospitalité ("le Seigneur a cogné à tes volets, ami, ami, et toi tu dormais!") . Au moment où j’allais me résoudre à chercher un hôtel, malgré le beau temps, un garagiste m’indique une école de musique (comme celle qui existait au Havre au bas du tunnel Jener) ; je frappe à la porte, on m’ouvre, on m’accepte dans le parc mais du bout des lèvres : car dans ces cas là, difficile de contacter le responsable ; finalement, nuit sous tente prévue pour le moment... mais il n’est que 17h30.

mardi 1 avril 2014

Michel : récit de voyage (03)


Au courrier aujourd’hui, mêmes petits feuillets (cinq à nouveau) écrits recto/verso, et quelques photos, par mail.
 
Accueil chaleureux du père de Caroline, 87 ans qui reste bon connaisseur de vin. Je confirme ses dires: un verre de vin midi et soir, chaque jour, ça conserve ! Et de plus, comme d’autre joue du piano, lui, c’est aussi debout qu’il regarde la télé ! Enfin, conseil d’un professionnel, les médicaments sont à consommer le moins possible.


Ce matin, je quitte le logis sur la pointe des pieds, mon hôte fait la grasse mat. Au départ, quelques difficultés à trouver le GR ... pas grave, il fait beau. Mais à midi, le GR se transforme en bourbier, le chemin qui a du être utilisé pour évacuer des arbres abattus est défoncé: je sors éreinté de ce merdier pas possible et , en plus, en manque d’eau: j’arrête une voiture : on me renseigne ; comme d’habitude, les gens n’évaluent pas bien les distances pour le marcheur.
La journée se termine plus agréablement par la rencontre d’un couple de « tandémistes » : 70 ans et en super forme. Ils me réconfortent et m’informent que je suis à 4 km de ma destination : Assé le Boisne, petite commune de la Sarthe ; lorsque j’y arrive, je constate que l’épicerie est fermée ... mais j’avais prévu. Il est 17h40, tout est Ok sous la tente. Je dois attendre que la pluie cesse pour chauffer ma gamelle.  Ce soir, ce sera lentilles saucisses, si le temps le permet.

Il y a eu du givre au petit matin et le ciel a été clair toute la journée. J’avance bien, malgré ma cloque « monstrueuse », qui ne disparaît pas, là où elle est placée.
Je rencontre des taverniers : ils me parlent du voyage mais pour payer leur coup : zéro.

Je profite de cette attente pour faire un petit bilan du matériel :

-          Duvet : bien, la difficulté étant de remonter le rabat sur les épaules ; une fois installé, il ne faut pas avoir envie de pisser, sinon tout est à reprendre.

-          Réchauffeur : bien ; il permet de prendre un repas chaud... s’il n’y a rien à l’horizon. Un repas par jour, sinon fruits biscuits ou ce que je trouve ; pour le matin et le soir, un litre de jus de fruit.

-          Matelas « thermarest » : super, quand on a trouvé le sens pour l’installer

-          Sac à dos : bien pratique, grâce à ses nombreuses poches

-          Lingettes : bien pour se laver

-          Cagoule du soir : bien pour tenir au chaud le haut de la tête.

-          Gants : bien ; et dire que ne voulais pas les prendre !! Merci Elisabeth !

-          La Gourde de Jean-Marie : bien ... ça fait pèlerin

-          ...

Mais... Il arrête de pleuvoir, j’ai faim, je vous quitte... A demain

 Arrivé à Saint Marceau : le camping n’existe plus, mais je m’installe sur son emplacement. Le matin, j’ai acheté des chaussettes et à midi j’ai pris mon repas du jour dans un petit resto ; ce soir ce sera fromage, pomme et tisane.


Le moment est venu de se poser la question : comment vit-on ces longues heures de marche ?

Au début de la journée, on peut admirer le paysage , lors des premiers kilomètres ; puis après, l’échauffement des pieds se fait sentir, alors on ralentit, on s’appuie un peu plus sur la canne , on pense à une ou deux personnes en particulier, pendant une heure ou deux. A 11h ou midi, on prend un rafraîchissement et on mange un fruit : à partir de ce moment, si on s’arrête l’echauffement des pieds est bien présent et si on continue c’est de plus en plus doucement ; le déséquilibre augmente, alors il faut le compenser, c’est plus dur. A 16h 16h30 au plus tard l’étape doit être bouclée et les gestes pour préparer sa nuit de sommeil, on doit les faire dans la foulée (si j’ose dire). Si on dort à l’hotel, pas de problème ; sinon monter la tente, c’est plus dur ; ensuite quelques gestes plus rapides : soins des pieds, toilette et pipi : alors, une fois allongé c’est fini : la grande détente des jambes commence : d’abord des spasmes de douleur puis petit à petit, les pieds refroidissent et la paralysie disparaît. Le lendemain (jusqu’à présent), je peux repartir...Alors
Réparation de ma sacoche à cartes ; j’ai toujours aimé coudre !

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